Après bientôt un mois de confinement en France (prolongé jusqu'au 11 Mai 2020), les impacts économiques de la crise du coronavirus se font de plus en plus ressentir. Même s’il ne s'agit pas du domaine le plus durement touché, sur le marché du logement, les constructeurs immobiliers ne travaillent plus et la quasi-intégralité des chantiers est à l’arrêt. Les ventes et les visites sont stoppées, les personnes qui souhaitaient faire l’achat de leur appartement neuf doivent patienter, et toute l’activité du secteur fonctionne au ralentie. Même si les modalités et la date du déconfinement à venir (le 11 mai) restent encore plus qu’incertains, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) travaille déjà à la mise en place de mesures pour permettre une reprise prochaine des activités.


UN MILLION DE MASQUES CHIRURGICAUX POUR ACCOMPAGNER LA REPRISE

Pour tous les secteurs du bâtiment, et notamment pour le domaine de l’immobilier neuf, la période actuelle est particulièrement compliquée. La bourse est très instable, les visites physiques ne se font plus, les livraisons sont retardées à des dates indéfinies, et les notaires sont très limités dans leurs activités. Il est difficile de prévoir les conséquences finales de cette crise notamment sur le prix de l'immobilier, mais tous les indicateurs sont au rouge, et les constructeurs immobiliers et promoteurs immobiliers qui sont en première ligne subissent durement les effets de cette crise.

De nouvelles découvertes sont faites chaque jour sur le Covid-19. Il apparaît aujourd’hui de plus en plus clairement que parvenir à procurer des masques adaptés au plus grand nombre de personnes possibles est un des points essentiels pour permettre d’assurer la réussite du déconfinement, et la reprise des activités dans les conditions les plus optimales possibles. Pour tenter d’enclencher une reprise rapide, la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers) a annoncé avoir passé une commande d’un million de masques chirurgicaux. 100 000 de ces masques seront directement destinés à aider différents organismes qui en ont besoin pour assurer des services prioritaires. Les 900 000 autres masques serviront aux promoteurs immobiliers de la FPI, ainsi qu’à leurs collaborateurs et clients.

Au total, ce sont les 635 entreprises liées à la Fédération des promoteurs immobiliers, qui pourront profiter de ces masques chirurgicaux, dont la livraison est prévue d’ici trois semaines au plus tard. L’objectif de cette commande massive est bien sûr de permettre d’amorcer une reprise de leurs activités sur le marché immobilier, en assurant au maximum la sécurité de tous. Ces masques, qui sont conçus en respectant parfaitement les prescriptions gouvernementales concernant la sécurité sur les chantiers, pourront rendre possible une reprise sereine des travaux. Ils seront également utilisés pour rencontrer directement les clients, pour finaliser une vente et leur permettre d’acheter un appartement neuf ou une maison neuve, et également pour effectuer les livraisons des biens neufs.


UN GUIDE NÉCESSAIRE, MAIS CONTESTÉ

Le 2 avril dernier, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) a mis à disposition de tous les acteurs du secteur du BTP un guide présentant toutes les consignes à respecter pour assurer une reprise des activités de la façon la plus sécurisée possible. Suite à la publication de ce guide validé par le gouvernement, la FPI, la Fédération des sociétés immobilières et foncières, l’Union nationale des aménageurs, et la Fédération des élus des entreprises publiques locales, ont pu prendre connaissance des modalités présentées.

En réaction, ces organismes ont affirmé dans un communiqué de presse qu’ils partageaient le souhait d’assurer une sécurité nécessaire à la reprise d’une activité dans le secteur, et ce pour tous les corps de métier concernés. Ils ont cependant également déclaré regretter fortement de ne pas avoir été consultés en amont, pour collaborer à la création de ce livret.

Certains aspects évoqués dans ce guide semblent en effet ne pas relever du domaine de compétence habituel de l’OPPBTP. L’obligation de désigner un référent Covid revient par exemple d’après ce guide au maître d’ouvrage, alors que cette tâche devrait logiquement être confiée au maître d’œuvre, ou au coordinateur SPS. D’autres préconisations du guide peuvent s’immiscer illégitimement dans les clauses contractuelles, ce qui dérange fortement la FPI et ses partenaires.

En conséquence, si toutes ces organisations invitent très clairement au respect de toutes les mesures strictement sanitaires évoquées dans ce guide, elles conseillent néanmoins à tous les acteurs du secteur dont elles ont la responsabilité de rester très prudents sur l’interprétation qu’elles feront de ce guide, et de respecter en priorité leurs contrats.


SE CONCENTRER SUR LA SORTIE DE CRISE

Pour Alexandra François-Cuxac, présidente de la fédération des promoteurs immobiliers, il est capital que les acteurs du secteur et le gouvernement travaillent ensemble. Un adoucissement des règles sera impératif pour permettre une relance rapide de l’activité économique sur le marché immobilier. Lors d’un débat organisé le 9 avril dernier sur l’antenne de Radio Immo, la présidente de la FPI a tenu à rappeler au ministre chargé du Logement que suite à cette crise, la priorité sera de pouvoir assurer l’offre. Le pire pour le secteur serait que les personnes qui voudraient faire l’achat de leur appartement neuf ne trouvent pas de biens à disposition sur le marché de l’immobilier neuf.

Pour Alexandra François-Cuxac, même si des mesures sont déjà en place pour permettre aux particuliers d’acheter en réalisant par exemple un investissement avec la loi Pinel, il sera nécessaire de travailler « ensemble pour déréglementer ce pays » suite à la crise du coronavirus. Julien Denormandie, ministre chargé du Logement, a répondu à cela que le gouvernement travaillait déjà sur les aménagements nécessaires pour encourager la relance à venir. Le ministre a affirmé être prêt à accorder un peu de souplesse pour soutenir la construction, et continuer d’accompagner les personnes qui souhaitent accéder à la propriété et acheter un appartement neuf. Il s’est également montré favorable à la réhabilitation de biens plus anciens, qui permet « d’agir très rapidement ».

La présidente de la FPI est ensuite revenue sur le blocage actuel qui concerne l’obtention des permis de construire. La mise en place d’un service de dématérialisation est déjà entamée dans certaines grandes villes, et il faudra accélérer sa mise en activité, pour permettre à nouveau de commencer des chantiers. Alexandra François-Cuxas a également évoqué les inquiétudes des promoteurs immobiliers en ce qui concerne les élections locales. Pour elle, une relance de l’activité économique ne se fera pas sans la présence et l’appui des élus.

Après des semaines de confinement, les acteurs du secteur continuent de faire tout leur possible pour limiter les conséquences que cette crise sanitaire pourrait avoir sur le prix de l'immobilier. Des mesures qui resteront en place à la reprise, comme la possibilité de faire un investissement loi Pinel, devraient permettre de maintenir la demande à certain niveau, et il sera impératif que l’offre puisse suivre. Les dispositions prises actuellement par la FPI et d’autres organismes du secteur pourraient permettre d’amorcer un début de reprise de la manière la plus sécurisée possible. La situation actuelle étant en constante évolution, il sera très important que le gouvernement et tous les représentants de l’immobilier puissent dialoguer efficacement pour avancer dans la même direction.