Dans la période actuelle, c'est toute l’économie qui est touchée et le retour à la normale demande du temps. La hausse des taux de crédits immobilier, qui avait déjà pu être constatée en avril, a fortement continué pour le mois de mai. Les banques sont plus regardantes avant d’accorder un prêt, et accordent ceux-ci à des conditions moins avantageuses pour les emprunteurs.

UNE MONTÉE DES TAUX AMORCÉE AVANT LA CRISE SANITAIRE

L’année 2019 avait été une année record pour l’immobilier, et les très bons chiffres des prêts bancaires avaient participé à ce succès. Selon la Banque de France, c’était plus de 250 milliards d’euros de prêts qui avaient été consentis, soit une augmentation de quasiment 10 % par rapport à l’année précédente. 
En 2020, dès le mois de janvier les conditions pour souscrire un emprunt immobilier semblaient devoir s’endurcir quelque peu. En cause, une demande émanant directement des pouvoirs publics d’être désormais plus regardant avant de donner une réponse positive à un dossier. Plusieurs critères avaient donc déjà évolué, certains établissements refusant systématiquement les prêts de moins de 150 000 €, ou devenant plus exigeants sur les garanties, en refusant par exemple de financer un projet immobilier sans apport. Ne plus prêter pour une durée de plus de 25 ans, ou à des personnes excédant les 33 % d’endettement devenait la nouvelle norme, préconisée par le Haut Conseil de Stabilité Financière. 
Si les personnes et les ménages les plus modestes étaient directement touchés, mêmes les dossiers les plus solides étaient déjà impactés, les taux étant presque toujours revus à la hausse. Alors que fin 2019 il était courant de voir des prêts de 20 ans accordés à moins de 1 %, ce cas de figure se faisait déjà plus rare au début de l’année.


LA HAUSSE S'AMPLIFIE ENCORE DANS LE CONTEXTE DE REPRISE ÉCONOMIQUE

Cette tendance s’accélère logiquement à la suite du confinement et de toutes ses répercussions sur l’économie. La belle année 2019 semble déjà loin, et les taux reviennent à des niveaux qui n’avaient plus été constatés depuis plusieurs années. En avril, quels que soient la durée d'emprunt et le type de bien immobilier visé, le taux moyen constaté pour des prêts était de 1,18 %. Il monte directement à 1,25 pour le mois de mai. Pour les personnes qui souhaitaient par exemple emprunter en profitant de la loi Pinel, et acheter un appartement neuf, l’accès à la propriété peut être compromis. De même, pour les foyers qui ont déjà pu subir une perte de revenus due à la crise sanitaire, ce facteur vient encore rendre le projet d’investissement immobilier plus difficile. De nombreuses personnes qui voulaient faire l’achat de leur résidence principale et habiter dans un programme immobilier neuf peuvent être contraints de repousser leurs projets. 
Les prix de l’immobilier semblent devoir encore rester stable au moins le temps que de nouveaux dossiers soient conclus, cette hausse des taux d'emprunt impacte donc directement d’autant plus les potentiels acheteurs. Cette augmentation en elle-même pourrait d’ailleurs influer sur les prix dans un futur prochain. Les établissements de crédit se montrent prudents et redoutent que le marché économique ne mette du temps à se relancer. En conséquence, ils refusent plus de dossiers, ce qui devrait avoir un impact sur la demande et pourrait se répercuter au final sur les prix de l’immobilier neuf ou ancien. Tous ces facteurs à prendre en compte peuvent inquiéter certaines personnes qui avaient l’intention de faire l’achat de leur résidence principale, et les pousser à patienter. 
Conscient de la situation, le ministre chargé de la Ville et du Logement Julien Denormandie a annoncé lors d’une interview avec le Figaro Immobilier qu’une des priorités serait d’agir pour que les conditions d’obtention des prêts immobiliers permettent au plus grand nombre d’accéder à la propriété. Les personnes désireuses de faire l’achat de leur appartement neuf ou de leur maison neuve pour y habiter, ou pour les mettre en location, doivent pour faire aboutir leur projet.


LES CONDITIONS POUR OBTENIR UN CRÉDIT ÉVOLUENT

La crise sanitaire a touché tous les secteurs économiques, mais certains ont été moins impactés que d’autres. En conséquence, les banques semblent aujourd’hui orienter leur décision d’accorder ou pas un emprunt immobilier en fonction du secteur d’activité de l’emprunteur. Une personne travaillant par exemple dans la restauration rencontrera plus de difficulté pour obtenir un crédit qu’une autre travaillant dans l’industrie du gaz ou de l’électricité. 
Autre répercussion de tous ces bouleversements économiques, le taux d’usure est également en baisse. Depuis la fin de l’année dernière, celui-ci a chuté de pratiquement 0,5 point pour les prêts de 20 ans et plus, passant de 2,97 % à 2,51 %. La conséquence directe de cette baisse est que pour les banques, prêter aux ménages les plus modestes s'avère moins intéressant. Ceux-ci ne peuvent donc plus emprunter les fonds nécessaires pour par exemple l’achat de leur appartement neuf, et ce facteur peut également pousser les établissements bancaires à compenser en augmentant les taux pour les autres emprunteurs, qui représentent plus de garanties. 
L’Association Professionnelle des Intermédiaires en Crédit a déjà réagi en interpellant le Ministère de l'Économie et des Finances. Pour ses représentants, la baisse du taux d’usure est un problème majeur, qui mérite la plus grande attention des dirigeants. De nombreux ménages subissent déjà de lourdes répercussions économiques à la suite des événements récents, et ces modifications dans les critères d’acceptation des dossiers pourraient amplifier davantage le surendettement des foyers.


VERS UNE HAUSSE DES TAUX DURABLE ?

Avec cette crise qui touche tout le secteur, et cette hausse des taux de crédit immobilier, les personnes qui avaient un projet d’investissement immobilier peuvent se montrer inquiètes. Même si les banques semblent avoir obtenu quelques garanties émanant des plus hautes autorités, et que des dispositifs comme la loi Pinel restent en place, la hausse des taux d'emprunt a continué ces dernières semaines. 
Toutefois la tendance pourrait bien s’inverser rapidement, au moins pour les profils les plus rassurants du point de vue des établissements bancaires. Après le confinement, les acheteurs souhaitent reprendre leurs projets et investir rapidement dans l’immobilier neuf. Après quelques semaines, les banques qui s’étaient montrées très prudentes semblent donc maintenant devoir revoir leurs conditions à la baisse si elles veulent rester compétitives. 
Le mois de juin pourrait donc amorcer un début de baisse pour les taux d'emprunt. Celle-ci devrait d’abord être accessible surtout pour les ménages aux revenus élevés, mais pourrait se généraliser au fil du temps, l’accession à des crédits à taux bas étant l’une des clés de la reprise économique. Permettre à un maximum de personnes d’investir en achetant un appartement neuf ou un programme immobilier neuf est une condition impérative pour redonner à ce secteur économique toute sa vigueur.