CRÉDIT IMMOBILIER : LES BANQUES SERONT PLUS STRICTES SUR LES CONDITIONS D'ATTRIBUTION EN 2020

Avec le franchissement de la barre du million de transactions réalisées dans l'ancien, 2019 fut une année exceptionnelle dans le secteur de l'immobilier. Mais la tendance pourrait être toute autre en 2020. Professionnels de l'immobilier et particuliers craignent un durcissement des conditions d'attribution des crédits immobiliers en raison notamment des recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière qui appelle à calmer le jeu. Cette réserve s'explique par un certain nombre d'éléments. Décryptage.


LES CONDITIONS RELATIVES AU PROFIL DES ACQUÉREURS

De 2000 à 2019 la dette des ménages français est passée de 55 à 100% de leurs revenus, une augmentation du taux d'endettement due, selon la Banque de France, à des conditions d'attribution de crédit immobilier assouplies. Alors que le taux d'effort c'est-à-dire l'endettement maximum de l'emprunteur est fixé par les usages à 33% de leurs revenus nets, il était courant de voir des dossiers être acceptés avec un taux de 35%.

Face à cette souplesse des banques, l'on a pu constater les dérives de nombreux ménages qui se sont rapidement retrouvés à faire face à des difficultés financières en raison du montant des mensualités ne correspondant pas à leur capacité de remboursement. Ainsi, le but du Haut Conseil de Stabilité Financière n'est pas de mettre un terme aux emprunts bancaires, mais d'éviter que des ménages se saignent à blanc pour financer leur projet.

En conséquence, en 2020 les dossiers qui ne remplissent pas tous les critères d'octroi d’un crédit immobilier ne devront plus être acceptés, sauf à l'emprunteur de présenter un apport personnel. Les banques resteront en principe ouvertes aux primo-accédants qui souhaitent

obtenir un prêt à 100%, mais ces derniers doivent présenter un profil solide, ce qui implique d'avoir une situation financière saine et stable.


LES CONDITIONS RELATIVES À LA DURÉE DU CRÉDIT IMMOBILIER

Outre l'emballement de la dette du secteur privé et la baisse des apports dans les dossiers de financement, la Banque de France et le Haut Comité de Stabilité Financière se sont également inquiétés de l'allongement de la durée des crédits. En effet, nombreux sont les établissements financiers qui au courant des années passées ont eu à octroyer des crédits allant jusqu'à 30 ans. Il est question pour ces dernières de réajuster leur ligne de conduite.

Si après plusieurs semaines d'arrêt le marché immobilier a récemment repris, des incertitudes concernant la reprise économique persistent. En raison du confinement, plusieurs ménages ont subi une perte substantielle de leurs revenus. Si les activités tendent à reprendre, les conséquences économiques de la pandémie de Coronavirus peuvent déjà s'observer dans de nombreux secteurs.

Fort de ce constat, les banques sont plus que jamais sous surveillance. Le Haut Conseil de Stabilité Financière leur recommande de ne plus dépasser une durée de 25 ans pour l'octroi d'un crédit immobilier. Avec des taux d'intérêt repartis à la hausse depuis le mois de mai, il faut admettre que les inquiétudes se justifient, ce d'autant plus qu'on assiste à une augmentation des familles monoparentales.


VERS UNE FIN DE L'ELDORADO DES CRÉDITS IMMOBILIERS ?

Le durcissement des conditions d'octroi de crédit immobilier en 2020 sonnerait-il le glas de l'attribution des prêts aux ménages français ? Difficile de répondre de manière tranchée. Même si le Haut Comité de Stabilité Financière préconise aux banques d'être plus strictes quant aux profils des emprunteurs, il y a fort à parier que les ménages aux revenus modestes ne seront pas d'emblée lésés, les aides financières restant d'actualité.

Si les établissements bancaires doivent revenir à davantage de variabilité dans les conditions d'octroi des crédits immobiliers aux ménages français, ceci ne signifie pas pour autant qu'ils ne seront plus favorables aux demandes de crédit. Le but n'est pas de stopper la production de crédit, mais d'imposer des règles afin que la dette immobilière des français ne crève pas le plafond et que leur pouvoir d'achat soit maintenu à un bon niveau, ce qui permettra par voie de conséquence à l'économie de continuer de tourner.

Il n'y a donc pas véritablement d'inquiétude à avoir, si ce n'est celle de préparer désormais son dossier de demande de crédit immobilier en tenant compte des nouvelles donnes. Pour les ménages qui souhaitent absolument devenir propriétaire de leur résidence principale, faire appel à des professionnels pourrait s'avérer nécessaires. Ces derniers seront plus à même de faire une évaluation objective de votre profil d'emprunteur afin de déterminer de la faisabilité de votre projet.

Si l'année 2020 ne marque pas la fin des crédits immobiliers, une baisse des transactions est toutefois à prévoir tout du moins en comparaison de 2019 qui a battu tous les records. Il ne faut cependant pas céder à un sentiment d'inquiétude. Les institutions financières seront plus exigeantes, mais si l'accalmie espérée a effectivement lieu, 2020 pourrait rester un bon millésime en matière d'octroi de crédit immobilier.